12-13 novembre 2009
à Lille/Villeneuve d’Ascq 

Amphithéâtre de l’Espace culture,
Université Lille 1
M° 1, station Cité Scientifique

Postures assignées, postures revendiquées : Face aux bouleversements politiques et institutionnels, comment pratiquer nos terrains aujourd’hui ? 
Colloque organisé par l’Association Française des Anthropologues

 Programme

Cet appel à communications s’adresse aussi bien aux professionnels de terrain et praticiens de secteurs divers d’intervention, qu’à des chercheurs en anthropologie et autres disciplines des sciences sociales. Il a pour objectif d’examiner, dans une perspective de coproduction des savoirs et des analyses, les postures que les chercheurs et/ou les professionnels sont amenés à prendre dans leur pratique, à la fois pour faire face aux changements de leurs institutions, et aux transformations de la société, mais aussi du fait de mobilisations sociales et professionnelles.

Le début de l’année 2009 a été marqué par un nombre important de mobilisations et de manifestations diverses : le mouvement contre la pwofitasyon en Guadeloupe et plus largement aux Antilles, les luttes engagées contre les nombreuses fermetures d’usine et délocalisations, l’opposition à la soi-disant réforme des universités orientée par le processus de Bologne et la stratégie de Lisbonne, etc. Ces mobilisations se déroulent sur fond de crise économique mondiale et d’européanisation ou/et de globalisation des politiques aux nombreuses répercussions locales. Elles affrontent une série de réformes menées tambour battant par le gouvernement dans de nombreux secteurs de la société française : hôpitaux, travail social, psychiatrie, école et université, justice des mineurs… Elles sont à chaque fois traversées par la partition Français/étrangers. Ainsi, on a vu ces mêmes secteurs se mobiliser, souvent sur la longue durée : plus de 5 semaines de grève générale en Guadeloupe, plus de 8 semaines de grève dans les universités.
Pour faire face aux réformes, les acteurs de ces mouvements ont également produit des analyses singulières de ce qui était en jeu pour eux dans cette période politique et mis en œuvre de nouvelles pratiques sur leurs « terrains » respectifs. Par terrain on désigne ici, et de manière volontairement polysémique, tant le terrain d’étude des chercheurs, que celui de la pratique pour les professionnels ou encore le terrain militant des mobilisations (par exemple, la Guadeloupe, territoire singulier revendiquant une historicité spécifique dans la grève générale). Les réformes en cours tout comme les mobilisations de 2009 interrogent, bouleversent, reconfigurent les postures assignées par les institutions et les postures revendiquées qu’adoptent les praticiens et les chercheurs. Elles exigent de mettre en débat et de renouveler les catégories utilisées pour penser la société et la réalité sociale des activités professionnelles et de recherche.
C’est à l’examen de ces postures qu’ouvre ce colloque.

Postures assignées et revendiquées face aux transformations du terrain
On analysera ces moments où, pour des professionnels, le terrain d’action ou d’intervention change, se transforme (brutalement : une loi, lentement : l’emprise gestionnaire induite par la puissance publique ou plus lentement encore : les transformations familiales) et produit de nouveaux rapports sociaux dans les institutions et avec leurs « usagers ». Ainsi avec la loi de 2002, les lois suivantes et leurs décrets d’application le travail social, mais aussi médical, en particulier la psychiatrie, sont profondément bousculés. Mais les universitaires ne le sont pas moins par les nouvelles contraintes imposées par la loi Libertés et Responsabilités des Universités (LRU). Dans cette période de flottement, de nouvelles postures sont assignées par l’État ou les institutions, mais de nouvelles postures revendiquées se font également jour. On cherchera à comprendre comment la contingence de la loi, par exemple, produit des paradoxes qui obligent à des écarts, des résistances, des évitements, pour continuer à travailler.
Qu’en est-il des nouvelles règles d’intervention collective sur les terrains ? Comment s’articulent les nouveaux partenariats imposés comme mode d’action public ? Ainsi, dans le travail social, il existe une tension forte entre la posture individuelle intériorisée et la posture collective, plus ou moins difficile à mettre en œuvre. Symétriquement, les canons scientifiques rigides que voudraient imposer aux chercheurs les modalités d’évaluation et de financement de la recherche provoquent des stratégies individuelles et collectives de résistance ou de collaboration qui vont au-delà des postures revendiquées ou des postures de fait. Que signifient ces figures imposées ? Comment s’organisent les résistances à cette imposition ? Et quand il y a mobilisations, dans quelle mesure inventent-elles des formes organisationnelles nouvelles ou de nouveaux répertoires d’action ? Enfin, comment se définit la réflexivité (collective et/ou individuelle) de ces changements et de ces inventions ?

Transformation des terrains et émergences de nouvelles catégories pour les appréhender
Comment penser un terrain lorsqu’il est sous pression, en train d’être bouleversé ? Comment se penser soi-même sur le terrain ? Quels sont les outils, les procédures, les dispositifs pour intervenir sur son propre champ d’intervention où de recherche ? Quels sont les modalités et les moyens par lesquels on intervient dans des circonstances mouvantes, forçant à la transformation et la création de nouveaux paradigmes ? Autant de questions à nourrir sur la base d’expériences, d’éléments de terrains et d’analyses personnelles avec un intérêt soutenu pour les questions de temporalité : quand commence la nouveauté d’un moment et où s’arrête-t-elle ? Est-elle bornée par les lois qui assignent ou par notre propre subjectivité revendiquée ?
Il s’agit ici de comprendre les distorsions existantes entre nos boîtes à outils théoriques et la réalité du terrain, non seulement au plan des recherches scientifiques mais aussi dans les pratiques professionnelles. D’autre part, où sont les limites de nos terrains ? Qu’est-ce qui en forme les lisières et les bordures ? Qu’est-ce qui, pour les scientifiques, mais aussi les professionnels fait office de Talvera, cette partie limitrophe du champ (du terrain) qui reste non cultivée mais permet aux machines agricoles de faire demi-tour afin de poursuivre le travail dans le champ – cet espace qui n’est ni productif ni inventif, mais n’en demeure pas moins la condition indispensable de la production, la germination, la récolte ?
En résistance à l’imposition socio institutionnelle de postures centrées sur des spécialités de plus en plus pointues et contre la fragmentation professionnelle des regards analytiques qui ne permettent pas de relier les différents points de vue, il s’agit ici de montrer ce qui les rapproche de manière souterraine, mais fondamentale.

Comité d’organisation : Laurent Bazin, Bernard Eme, Judith Hayem, Jacques Lemière, Marie-Christine Leurs
Les propositions de communication d’une page et demi maximum sont à adresser avant le 30 juin 2009.
Le texte des communications, de 15 000 à 40 000 signes, devront être envoyés avant le 15 octobre 2009.
Renseignements et envoi des propositions : afa_AT_msh-paris.fr
(Protection contre les spams, remplacer _AT_ par @)

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