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RENCONTRES ETHNOLOGIE
Tous les mois, l’Association française des anthropologues a proposé de rencontrer des auteurs de livres d’anthropologie portant sur des questions contemporaines.
Dans une période qui conjugue le refus de la différence et l’exaltation de la diversité, leur démarche offre un regard décalé sur le monde, à la fois au plus proche du terrain et présentant la distance de l’analyse et de la comparaison.
Les rencontres ont été animées par à la Librairie Le Merle Moqueur www.lemerlemoqueur.fr |
automne 2010 – printemps 2010 – hiver 2009-10 – automne 2009 |
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Yannick Fer est sociologue, chargé de recherche au CNRS. (GSRL-EPHE).
Les évangéliques à la conquête du monde ? Aujourd’hui, de nombreux observateurs voient dans l’expansion de ce protestantisme confessant une offensive qui lui a déjà rallié des centaines de millions de convertis tout autour de la planète. A partir d’une enquête menée en France, aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Polynésie sur le mouvement Jeunesse en Mission qui
incarne la nouvelle vague militante évangélique, Yannick Fer montre quelles sont les raisons et les limites de ce succès planétaire. En rupture avec les institutions religieuses classiques dans la foulée des mouvements hippies des années 1960, Jeunesse en Mission situe son action d’évangélisation dans les rapports individuels, au coeur des relations culturelles et économiques, voire en intégrant sans en renier les formes, des héritages traditionnels réactivés notamment dans les pays du Sud. Jeunesse en Mission s’adresse aux jeunes générations en privilégiant des rapports horizontaux inspirés d’une relation qu’il s’agit de nouer sans médiateur avec Jésus-Christ.
L’auteur nous plonge dans un monde surprenant à la fois très libéral dans son approche de l’autre, mais paradoxalement très conservateur sur le plan moral. Ecrit avec l’inspiration du reporter et la compétence du chercheur, cet ouvrage dit des choses essentielles sur la recomposition religieuse en cours aujourd’hui.
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Jean Jamin est ethnologue, directeur d’études à l’EHESS. Il est membre du Laboratoire d’anthropologie et d’histoire de l’institution de la culture (Lahic -IIAC). Fondateur avec Michel Leiris de la revue Gradhiva et directeur de l’Homme, revue française d’anthropologie.
Patrick Williams est ethnologue, directeur de recherche au CNRS, membre du laboratoire d’anthropologie urbaine (LAU-IIAC).
Révolution rythmique, improvisations harmoniques, inventions mélodiques, virtuosité époustouflante de Louis Armstrong, Art Tatum, Django Reinhardt, Charles Mingus, John Coltrane… New Orleans, swing, be-bop, third steam, hard bop, free jazz et jazz West coast. Boîtes de Kansas City, clubs mythiques de la 52e rue à New York, growl des cuivres bouchés, raucité fluide du saxophone ténor,triomphe de la batterie…
Né aux États-Unis il y a un siècle, enfant du blues, du ragtime, du gospel, expression de l’histoire noire américaine, le jazz raconte les tragédies de la ségrégation, la lutte des descendants d’esclaves, mais aussi l’ouverture, le métissage, la formidable rencontre entre un élan musical ouvert au syncrétisme, et les aspirations d’une société multiculturelle en pleine évolution.
Une histoire revisitée grâce à l’anthropologie : le jazz, fait social et culturel, permet de comprendre le regard que des communautés portent sur elles-mêmes, les jeux de la parole et de la création, les rituels et les codes qui définissent à la fois une appartenance et une manière de vivre et de sentir. Charlie Parker et Dizzy Gillespie n’ont-ils pas baptisé Anthropology l’un de leurs plus célèbres thèmes ? Bien plus qu’un genre musical, le jazz propose une conception du monde et une critique radicale de l’ordre social. C’est le sujet de ce livre.
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Guillaume Rozenberg est anthropologue, chargé de recherche au CNRS (LISST – Centre d’anthropologie sociale).
1952, dans un village de Birmanie centrale, un paysan de vingt-six ans quasiment analphabète est soudain possédé par des weikza. Personnages clés dans le bouddhisme birman, les weikza sont des êtres humains qui ont acquis des pouvoirs extraordinaires, dont la faculté de prolonger leur existence : lorsqu’un individu a atteint l’état de weikza il ne meurt pas, il » sort » et part résider dans un lieu invisible réservé aux êtres de sa qualité. De là il peut entrer en relation avec le monde afin d’accomplir une oeuvre de salut en protégeant et en propageant la religion bouddhique.
Particularité remarquable du culte qui se constitue autour du jeune paysan : les quatre weikza âgés de 150 à 1 000 ans dont il est devenu le médium apparaissent régulièrement sous forme humaine, en chair et en os. Les Immortels nous fait pénétrer au coeur de ce culte qui depuis plus de cinquante ans attire des fidèles de tout le pays, venus dans l’espoir de voir les weikza et leur rendre hommage, de recevoir leur enseignement et bénéficier de leur pouvoir.
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Slimane Touhami est anthropologue au Centre d’anthropologie sociale (EHESS-Université Toulouse le Mirail).
Cet ouvrage rend compte de l’existence « derrière les murs fatigués d’une barre HLM, d’un enchantement qui, en bien des points, confine à la poésie ». À travers les discours et les gestes destinés à parer les menaces de l’Invisible, l’auteur nous fait découvrir une culture urbaine à la croisée des mondes. Par l’intermédiaire des femmes, et plus particulièrement des mères, il montre comment ces dernières sont à la fois les garantes d’une tradition séculaire et les passeuses de nouvelles façons d’être en exil, entre la France et le Maghreb.
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Michel Agier est anthropologue, directeur de recherche à l’IRD et directeur d’études à l’EHESS. Membre du Centre d’études africaines.
Un conflit est ouvert à propos de la liberté de circuler et de la possibilité pour chacun de trouver une place dans un monde commun. Arrêtées par les murs et les législations protectionnistes des États-nations, des millions de personnes ne trouvent plus le lieu d’arrivée de leur voyage, et n’ont pas non plus d’autre ailleurs où aller pour se protéger, se reconstruire, revivre. Dans cet exil intérieur, de nouveaux lieux, « hétérotopiques », apparaissent, se développent et se fixent, et avec eux une nouvelle conception de l’étranger, celle de l’indésirable au monde. La frontière, le camp, la jungle ou le ghetto dessinent cette nouvelle topographie de l’étranger : un couloir des exilés se forme, où règnent l’exception, l’exclusion et l’extraterritorialité, mais où parfois des transformations sociales ont lieu, où la marge devient refuge, à nouveau habitable et même vivable. Sur le chaos du présent s’inventent des mondes à venir… Face aux politiques de la peur et de l’enfermement, l’anthropologue Michel Agier défend une cosmopolitique de l’hospitalité, seule à même de fonder une « anthropologie-monde », qu’il conçoit comme une pensée des rencontres et des reconnaissances de l’autre, « avec le monde commun en tête ».
Véronique Nahoum-Grappe est anthropologue à l’EHESS (Centre Edgar Morin-IIAC). Elle travaille sur les formes contemporaines et sociales de la culture : l’esthétique du corps, les rapports entre les sexes, la violence et la cruauté, les conduites d’excès et de dépendance, notamment l’ivresse. Elle est l’auteur, entre autres, de Balades politiques, Les Prairies ordinaires, 2005 et Vertige de l’ivresse. Alcool et lien social, Descartes & Cie, 2010.
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Dimanche 16 janvier 2011 à 17h
Marie-France Garcia Parpet, autour de son livre : Le marché de l’excellence. Les grands crus à l’épreuve de la mondialisaiton (Seuil, 2009)
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Emmanuelle Lallement est anthropologue, maître de conférence à l’université Paris-Sorbonne.
Une ethnologue nous convie à des promenades dans ce « Barbès », autant mythe que quartier de Paris, connu bien au-delà des limites de la capitale, voire de la France. D’une lecture plaisante, ce livre se présente comme un exercice particulièrement réussi d’ethnologie urbaine, tant l’acuité du regard et la pertinence des analyses y sont grandes.
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Bernard Hours et Monique Selim anthropologues à l’Institut de Recherche pour le Développement, ont travaillé au Bangladesh, au Laos, au Vietnam, en Ouzbékistan et désormais en Chine.
La globalisation ne met pas un terme aux diverses formes d’identités et d’altérités des hommes en société mais elle en modifie profondément la nature. Cet ouvrage entend aller au-delà du simple constat de nouvelles pratiques ethnographiques. Les auteurs tentent de produire une analyse anthropologique des normes qui constituent le ressort principal des processus de globalisation dans les domaines de la santé, du travail, de la sécurité, de l’éthique et de la moralité humanitaire. Ces normes sont portées par des acteurs idéologiques tels que les femmes, l’étranger, le pauvre, les ONG, figures symboliques ou organisations qui permettent leur résonance, leur réinterprétation, leur incorporation, leur diffusion. Le projet d’une gouvernance sécuritaire et globalisée privilégie une reproduction paisible de l’économie de marché. Dans ce cadre, une démocratie de consommateurs d’émotions remplace les sujets politiques. Les conséquences épistémologiques de ces mutations actuelles interpellent de façon décisive les anthropologues du présent.
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Françoise Héritier, professeure honoraire au Collège de France et à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
Ce livre retrace à partir d’entretiens la carrière de celle qui a succédé à Claude Lévi-Strauss au Collège de France et a poursuivi et développé sa théorie et ses recherches sur la parenté. Françoise Héritier est une scientifique de premier plan ; c’est aussi une intellectuelle engagée, entre autres pour la cause des femmes et pour les droits des plus faibles. Elle nous livre ici ses réflexions sur les problèmes politiques, sociaux et culturels d’aujourd’hui qu’elle illumine de sa belle intelligence.
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