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Isabelle Guérin, La Microfinance et ses dérives, Emanciper, discipliner ou exploiter ? Paris, IRD Démopolis, 2015
Recension par Louis Moreau de Bellaing
Isabelle Guérin, La Microfinance et ses dérives, Emanciper, discipliner ou exploiter ? Paris, IRD Démopolis, 2015
Il ne s’agit pas, dans cet ouvrage, de dénier à la microfinance les avantages non seulement économiques, mais sociaux et politiques qu’elle peut apporter à des populations vivant dans des conditions matérielles difficiles. Il va de soi que l’investissement du substantiel fait partie de la vie sociale et politique de ces populations et que l’excès par défaut de cet investissement contribue à les condamner à la grande pauvreté, voire à la misère. Dès l’introduction, l’auteur insiste sur la nécessité de dépasser les dysfonctionnements des sociétés actuelles, pour mieux penser ce dépassement sous l’angle des possibilités réelles concrètes de changement et de lutte. Auparavant, elle montre, dans cette introduction, l’envahissement grandissant de l’opinion publique par un débat technicisé et sophistiqué et surtout a-politique. Or Il est injuste de contester, par un tel débat, la légitimité d’une approche politique (sociologique) des questions d’inégalité et de pauvreté.
Le livre comporte six chapitres dont cinq sont des interrogations. Le premier présente la micro-finance, le dernier confronte micro-crédit et démocratie.
En présentant, au chapitre premier, la micro-finance, en multipliant des exemples puisés dans tous les pays du monde, tout particulièrement en Inde, au Bangladesh, mais aussi au Chili et dans d’autres pays d’Amérique du Sud, Isabelle Guérin insiste sur le fait que l’émergence de formes de crédit destinés à des populations précaires n’est pas une idée nouvelle. Les monts de piété dans l’Europe pré-industrielle marquent un besoin très pragmatique de trouver des fonds, besoin que le don et la charité ne peuvent plus couvrir.
Aujourd’hui, l’approche du problème est double : une approche commerciale qui repose sur la rémunération des investissements, une approche dite de social-business qui repose sur le réinvestissement dans l‘organisation et dans les contrats d’intérêt collectif. La seconde approche semble la plus légitime, mais pose question dans sa volonté de se substituer à toute forme de politique publique. Il est difficile, en tout état de cause, de combiner offre de qualité et rentabilité; Le statut non lucratif ne garantit pas la qualité des services payés et leur caractère solidaire. L’approche charité n’a pas disparu. Face aux excès des politiques néolibérales, banques et programmes de crédit, représentant une part non négligeable du secteur, tendent à ressurgir en Inde et en Amérique latine, Ils s‘apparentent beaucoup plus, comme les « aides » aux populations précarisées en Europe, à du saupoudrage clientéliste qu’à des pratique d’appui au renforcement des tissus économiques locaux.
Le Conseil d’échange et d’information sur les systèmes d’épargne et de crédit pousse à l’adjonction croissante d’indicateurs et de processus de certification de « performance sociale » et à une mission de conservation pour éviter les dérives. La Smart Campaign s’efforce de protéger les clients en prévenant le surendettement et en rendant transparentes les transactions et les prix. Mais de tels efforts restent limités tant que n’est pas remise en cause l‘utopie d’un marché autorégulateur maximisant le bien-être de tous.
On peut sortir d’organisations, en refusant d’être enfermés dans des dictatures financières et en défendant les dimensions sociales de l’activité. Mais les clients ont tendance à aller au plus offrant en terme de contrats, de crédits, de simplicité des procédures, d’absence de garantie et d’épargne forcée, de non obligation d’assister à des réunions, de rapidité d’octroi des fonds. Quant aux financeurs, ils se concentrent sur les organisations les plus grosses et les plus rentables, ce qui marginalise les autres.
Le deuxième chapitre pose la question : soutenir l’emploi ou la consommation? ? Les entreprises nées pour le microcrédit sont rares. Les effets sur l’emploi consistent plutôt à renforcer et stabiliser des activités existantes. Ce qui est problématique, c’est l’expansion du microcrédit à large échelle et de politiques d’emploi qui vivraient sur le capitalisme populaire ou en fonction des organismes prêteurs. En Egypte, non seulement la microfinance ne crée pas d’entreprises, mais les entrepreneurs existants, bien installés, se transforment en micro-entrepreneurs fictifs, pour bénéficier du microcrédit. Barnejie et Duflot, réputés grands spécialistes de la question, soulignent que, sur de petites unités, le profit est maigre, voire négatif, si l’on tient compte de la rémunération du travail. Dans le secteur agricole, l’alliance avec l’agro-industrie ne résiste pas à l’effondrement des cours. Le microcrédit, dans sa forme actuelle, est inadapté au financement de l’agriculture. Vouloir transformer la masse des précarisé en entrepreneurs à succès de microcrédit est une double méprise. Si les quantités de crédits injectées dépassent les capacités d’absorption des ressources locales, il y a un risque élevé de saturation et de surendettement. Le microcrédit n’est pas un instrument de lutte contre le sous-emploi. De même, la croyance en une demande illimitée, croyance qui est celle de certains investisseurs, se révèle dangereuse et nuisible, si la demande n’est pas couplée avec des mesures de redistribution et de protection sociale. Certains investisseurs peuvent avoir intérêt à susciter une demande là où celle-ci n’existe pas. En France, le rôle du microcrédit peut être salutaire en permettant à des personnes en inemployabilité de se remettre en selle. Mais une dizaine de milliers de microcrédits sont tout au plus octroyés chaque année. Le rendement est inférieur à sept cents euros par mois. De plus, pour les personnes en situation d’auto-emploi, la couverture sociale est déficitaire. Au Sud, une large partie des microcrédits sert à boucler les fins de mois et à consommer.
Àu cours des Trente glorieuses, le crédit à la consommation a eu un rôle d’intégration sociale, mais il était couplé à des mesures de redistribution et de protection sociale. Son effet était modéré par l’inflation. Aujourd’hui où ces conditions ne sont plus réunies, crédits à la consommation et microcrédits risquent d’accélérer les processus de paupérisation et d’accroissement des inégalités, en entretenant l’illusion de la croissance et de la non récession.
Autre interrogation au chapitre III : lutter contre l’usure ou endetter les pauvres ? Yunius constate 1/ l’écart, le fossé entre les richesses promues par le développement et la somme dont les affamés ont réellement besoin pour survivre. 2/ le remboursement par les gens de leurs emprunts. Il décide de créer une banque qui lutte contre l’usure, c’est-à-dire les taux démesurés des prêteurs privés, taux socialement injuste. Rappelons qu’en France, sous l’Ancien Régime, l’Eglise avait fixé le taux de l’usure à 13% et au delà et que, au XIX° siècle, des banques familiales avaient pris naissance à partir de l’usure pratiquée antérieurement par des paysans riches, notamment des meuniers. Mais, dit Isabelle Guérin, la prétention de Yunius d’éradiquer la finance informelle est chimérique. « Les personnes pauvres, hommes ou femmes, dit-elle, sont liées à un enchevêtrement de dettes et de créances, mais parfois de solidarité, souvent de hiérarchie et de domination. Hiérarchie et domination peuvent, paradoxalement, jouer localement un rôle déterminant dans la protection et le soutien des populations, autrement dit dans la survie matérielle et sociale »
L’endettement peut s’appuyer sur le principe de réciprocité dans le court terme, mais peut aussi s’inscrire dans le temps long des obligations sociales (naissances, initiations, mariages, funérailles), dans des contre dons et des formes d’épargne rotatives comme les tontines (où les femmes sont largement impliquées). Enfin, les avances octroyées par les propriétaires terriens à leurs employés permanents peuvent créer une véritable situation de servitude, avec une oscillation entre protection et domination, respect mutuel et exploitation. On peut ajouter les avances sur salaire venues comme une garantie d’emploi et les prêt sur gage (or et bijoux en Asie, biens de consommation durable en Amérique latine). Ils forment ainsi des prix compétitifs par rapport au microcédit. Le temps que demande l’obtention d’un microcrédit est souvent vécu comme une contrainte conditionnant l’obtention du prêt. Certes certains prêteurs sur gage sont mus par l’appât du gain. Mais la vente à crédit peut être un service rendu, sans attendre de contre-partie. Les dettes – c’était vrai au Maroc, à Casablanca, dans les années cinquante du XX° siècle, y compris pour les Européens – sont notées sur un cahier et remboursées en fonction des rentrées d’argent du débiteur. Mais, dans de nombreux villages marocains, s’endetter est néanmoins vécu comme un déshonneur. En revanche, en Inde, l’homme naît en tant que « dette » et celle-ci porte la marque de sa condition humaine (Cf. Malamud). Elle fait pleinement partie de la condition humaine, dit Isabelle Guérin, et « même si elle est source d’exploitation et de hiérarchie, il serait très étrange de chercher à s’en défaire ». Au Kenya, dettes remboursées et non remboursées sont inter-personnelles et les premières ne s’apprécient qu’en lien avec les secondes. La vérité est que les sciences sociales ont insuffisamment travaillé sur la dette, sauf le MAUSS et Maurice Godelier. En propre terme, dans les représentations locales, la dette est source de reconnaissance et de respect lorsqu’elle favorise les rituels sociaux et religieux. Le débiteur supporte sacrifice et risques afin d’assumer ses responsabilités et ses obligations. »La signification culturelle de la dette est ce qu’elle révèle en termes d’identité, de statut, de fonctionnement social des partenaires de la transaction ».
Le micrcrédit, quel(le)s que soient pour certain(e)s emprunteurs(euse)s, ses avantages, peut plonger des familles dans le surendettement. La migration internationale peut être un moyen d’aborder l’excès de microcrédit. Il peut y avoir spirale infernale entre revenus et dette, donc surendettement. Mais c’est le microcrédit lui-même et ses agents d’exécution qui peuvent devenir infernaux : ventes d’organes par exemple, pour rembourser. Notons que les clients du microcrdit peuvent se transformer eux-mêmes en prêteurs.
Le poids des travailleurs précaires s’amplifie. Les mécanismes de redistribution, de protection sont soit inexistants, soit insuffisants. Avec la globalisation du capitalisme, les besoins ne cessent d’augmenter. Cela dit, « l’exploitation financière dont sont victimes les populations précarisées dépasse le cadre du microcrédit et doit se comprendre comme un processus d’extraction de richesses par la sphère financière dans son ensemble. Le microcédit ne s’en présente pas moins comme une alternative peu crédible aux options existantes. Qui accepterait, en France, d’emprunter à un taux annuel de 30 è 40% pour boucler les fins de mois ? Dans les années quatre-vingt-dix du XX° siècle, le taux d’un emprunt gagé sur le salaire moyen d’un fonctionnaire atteignait au maximum 20%.
A propos de l’épargne, le quatrième chapitre pose la question : protéger les pauvres ou les discipliner ? « L’épargne, écrivent Barnejie et Duflot, est la prochaine révolution de la microfinance. Si les pauvres sont pauvres, c’est parce qu’ils n’épargnent pas suffisamment ». D’où la nécessité d’une éducation financière. A ces formules choisies, l’auteur répond en reconnaissant l’intérêt d’une association épargne-crédit qui peut éviter le surendettement, tant au niveau individuel que collectif et mettre en cause le lien de dépendance opprimant et aliénant. Mais, fait-elle valoir , les pratiques locales de stockage de la richesse ont une « fonction sociale, symbolique et économique qui peut être supérieure aux pratiques d’épargne monétaires. » Par ailleurs, la mobilisation de l’épargne réinjectée ailleurs ne peut qu’assécher des économies fragiles. Le tableau des pratiques d’épargne à travers le monde montre que ce sont les pays riches qui épargnent le plus. On pouvait s’en douter. Barnejie et Duflot expliquent que « les pauvres agissent comme des consommateurs impulsifs et impatients. Leur échelle de temps est celle de l’immédiateté. Ils souffrent de procrastination – remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même – et manquent de contrôle de soi ». En épargnant deux bières par jour en moins de celles qu’ils boivent, les petits vendeurs indiens de légumes peuvent économiser quarante roupies par jour. Par manque d’auto-discipline du au manque d’optimisme et d’espoir, ils restent ou retombent dans l’endettement ou dans le surendettement.
Ce que montrent les études de terrain et un autre type de réflexion, c’est que la fonction sociale, symbolique et économique de certains types de dépenses rend floue et aléatoire la séparation (occidentale) entre consommation, investissement et épargne. Par exemple, les dépenses pour les mariages s’inscrivent dans un jeu complexe de dons-contre dons qui s’échelonnent sur plusieurs générations et sont au coeur des solidarités de lignées. L’auteur rappelle que les biens de consommation sont des contenants sociaux, des signes, des indices, des marqueurs sociaux qui participent d’un processus de réinvention sans cesse renouvelée des catégories sociales. De la même manière, l‘épargne varie, dans ses formes, en fonction des contacts et des groupes sociaux.
Par exemple au Sénégal, à la question : « Epargnez-vous ? », les femmes répondent qu’elles prêtent ; le prêt à autrui est considéré comme une forme parmi d’autres d’épargne. La tontine est une forme de contrainte individuelle transformée en une contrainte prise en charge à un niveau collectif, comme le dit Servet. Les tontines, le prêt à autrui restent plus attractifs que la banalité d’une épargne monétaire. Le karaté (beurre de karaté) est censé jouer un rôle d’épargne de précaution, mais, depuis quelques années, il est largement réapproprié par l’agro-industrie et transformé en produit à haute valeur ajoutée pour les consommateurs occidentaux.
La Gramen Bank a longtemps imposé une épargne forcée, bloquée sur un compte collectif, aux emprunteuses bangladeshies. Mais ces femmes ont réclamé le droit de pouvoir utiliser leur épargne forcée et elles ont refusé, en un nombre important, de rembourser leurs emprunts. Elles ont eu, en grande partie, gain de cause, Mais l’épargne forcée est encore, ailleurs, pratiquée.
Une multitude de programmes sont mis au point, un peu partout, pour l’éducation financière des pauvres. Mais, dit l’auteur, les pauvres ne sont pas seulement des individus et des groupes préoccupés uniquement de joindre les deux bouts. Ils aspirent à maintenir, protéger et construire une dignité ainsi que des identités collectives et individuelles. Ils sont insérés dans une multitude de réseaux de droits et obligations qu’ils cherchent à maintenir, renforcer, soutenir. Lorsque des femmes, suite à des aléas de la vie : perte d’enfant, maladie, divorce, ne peuvent assurer la vie courante, les cours d’alphabétisation ou l’aide de conseillers en crédit, si bien intentionnés soient-ils, ne sont que d’un maigre secours.
La prévoyance, dit Ewald, représente la vertu libérale par excellence. La bienfaisance apparaît de plus en plus comme une action d’individus et non pas comme une action humiliante. On peut dire que la bienfaisance accompagne l’éducation budgétaire comme vaste entreprise mondialisée des pauvres. Elle limite les débordements d’une classe dangereuse. Ce sont surtout les femmes qui sont visées. Il s’agit de leur donner des notions de comptabilité pour qu’elles tiennent au mieux la bourse du ménage. La microfinance est enrichissante pour les investisseurs et moralisatrice pour les emprunteurs. Au fond,pour le libéralisme le micro-créit est une charité bien ordonnée.
Emanciper les femmes ou essentialiser la subordination féminine ?, telle est l’interrogation qui ouvre le cinquième chapitre. L’illusion est de croire améliorer le pouvoir économique des femmes par le microcrédit. Au mieux, dit l’auteur, il leur donne une certaine marge de manoeuvre dans la gestion de leur trésorerie familiale, parfois de leur petite entreprise. Leur faible mobilité, leur sens de l’«honneur » (masculin ?) et leur docilité assurent de leur degré de consentement et donc de « succès » par le microcrédit. Par des réunions d’emprunteuses et des séances de formation, la microfinance peut consister souvent à cadrer le comportement des femmes, à les discipliner et à les responsabiliser pour qu’elles s’autonomisent par rapport à leur époux ou par rapport à leur communauté d’appartenance. Leur accès à une parcelle de pouvoir, grâce à la microfinance, se fait plus à l’égard des autres femmes qu’à celui de la communauté masculine. Isabelle Guérin note que la subordination féminine (y compris entre femmes) ne relève pas d’une inégalité de ressources au sein de l’espace interfamilial, mais d’inégalités de pouvoir qui traversent l’ensemble des structures sociales, économiques, culturelles et politiques.
Le dernier chapitre, Microcrédit et démocratie : les illusions démocratiques du marché, tente de montrer ce que sont ces illusions. « Marché » et « démocratie » (les guillemets sont de l’auteur, mais nous y souscrivons) forment un couple indissociable, mais reconnu mal assorti du fait des rapports de force très inégaux et d’une croyance en la suprématie du pouvoir. La relation contractuelle entre individus anonymes et égaux et régulée par un prix – relation qui définit le marché – existe rarement. Ce que l’on observe, ce sont des transactions qui se construisent socialement et qui restent intimement mêlées aux institutions sociales, culturelles, et politiques dans lesquelles elles prennent place, y compris dans la manière dont se fixent les prix. Ce que disait Polanyi, ce que répètent aujourd’hui quelques économistes. Ces conditions que réclame la dimension émancipatrice du monde (Etat de droit certes, mais aussi bien d’autres encore) n’existent guère et, en leur absence, la liberté par le monde n’est qu’une illusion. Le « capital social » qui prétend respecter les besoins, intérêts et aspirations locales, lorsqu’on le rattache en fait avec la dynamique de globalisation du capitalisme, continue à jouer son rôle de reproduction des inégalités.
Dire que ‘oute société quelle qu’elle soit est un tissu de dettes composées comme un ensemble de droits et d’obligations qui relient les personnes entre elles, et avec les autorités, qu’ils s’agisse des dieux, des mythes et des ancêtres, de Dieu ou de l’Etat demeure une conception restrictive de la dette, conception qui oublie les dons, les groupes et l’historicité de l’Etat, qui oublie également que le « droit » des dieux, des ancêtres, des mythes ou de Dieu n’est pas celui de l’Etat aujourd’hui. Cela dit, il n’en reste pas moins que le microcrédit tout à la fois rassure et stabilise des groupes qui le vivent comme une substitution à l’Etat défaillant, inefficace et injuste ou à un marché incapable de répondre à des besoins non solvables, comme l’a montré en Occident la crise des subprimes.
En conclusion, l’auteur se demande : Que faire ? et tente de répondre à sa propre question.
1/ Les excès actuels et répétés de la micriofinance ont pour effet pervers d’ôter toute légitimité aux initiatives de financement destinées à des territoires démunis.
2/ Les pratiques informelles au sens où elles ne sont pas régulées par la puissance publique répondent à des besoins et reposent sur des motivations multiples. Elle font preuve d’une grande capacité d’adaptation .
3/ D’autres exemples que celui du microcrédit apparaissent ici ou là et ne sont pas sans efficacité. La plupart sont des outils financiers concédés par la force publique dans une économie planifiée. Mais le Etats sont, le plus souvent, complices de la mondialisation de la microfinance qu’ils ont largement contribuer à provoquer.
4/ Quelles que soient les oppositions ou contestations apportées au microcrédit ou à d’autres outils financiers, elles demeurent incapables de saisir la pluralité des motivations humaines et la légitimité d’ une pluralité de principes d’échange
5/ « Il est néanmoins possible de s’appuyer sur les avantages du marché et de la redistribution sans en subir les dérives ; il convient pour cela de l’articuler avec un projet solidaire et citoyen porté par des hommes et des femmes des terrains d’intervention ». La fonction de la microfinance doit être économique, dit l’auteur en faisant référence à J.M. Servet, dans une perpective globale d’économie solidaire qui ne refuse pas de reconnaître la légitimité d’initiatives localisées, pour qu’elles se multiplient, Ajoutons, pour notre part, que cette perspective d’économie solidaire ne peut que s’accompagner – comme c’est le cas dans ce beau livre d’isabelle Guérin – d’une réflexion sur la dette, sur le don et le contre don, sur la légitimation et la légitimité sociales et politiques.